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Confidences :



Ne dites pas à Jean-Pierre Minella qu'il est un peintre abstrait ; Ne lui dites surtout pas, cependant, que sa peinture est figurative. Et si par bonheur vous faites face à l'un de ses tableaux, ne vous avisez pas, l'air inspiré quand l'artiste rôde, d'évoquer un quelconque monsieur, peintre lui aussi, mais mort et enterré.

Ça le met en colère et,
si rares pourtant, les colères de Jean-Pierre Minella sont terribles.

Jean-Pierre Minella ne peint pas ; il joue, il chante.
Son instrument : le pastel gras.
(Ne lui demandez pas pourquoi le pastel gras.)
Pourquoi pas le pastel gras !

Non, écoutez le, devinez le, sentez le, regardez le .
Grattant, frottant, collant, et décollant ;
Pressé mais sans impatience.

Ça grogne, ça trace, ça détrace et ça retrace,
ça s'applique.
Puis ça déplique.
Et ça regratte, regrogne et redécolle,
ça retrace et redétrace,
ça rapplique ;
mais Jean Pierre Minella n'est pas content.
(Il n'est jamais content.)


Pourtant, un beau matin, - parfois longtemps avant le matin -
avançant, reculant, tournant et détournant,
il plaque un dernier accord de son gras instrument.
Puis il sourit, content -c'est un bonheur quand Jean-Pierre est content-.

Comme lui, il faudra trouver son chemin.
Seul.
Tout d'abord, se perdre.
Oublier.

Pas d'esbroufe ;
la peinture de Jean Pierre ne se donne pas.
Il faut l'apprivoiser. S'en faire apprivoiser, qui sait ?
Se glisser dans les replis, s'incruster dans la matière,
s'accrocher, suspendu quand le dessin s'efface
et que le fond devient forme.


Poursuivant d'improbables chromatiques chimères.
Sauter de toile en toile, traquer le mouvement ;
Une ligne, puis une autre,
-contournements plus que contours-
une trace, un objet deviné derrière une transparence ;
cette chose -malin dispositif- qu'on aura cru, malin et demi, reconnaître.

Visiteur, un conseil : lâche prise.

              Yves Dupire, l'ami de trente ans.

       -(d'une amitié de trente ans, méfiance -jpm)

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